Vœux du Président Macron

Vœux du Président Macron

2 janvier 2023 Non Par Paul Rassat

Talpa a relevé quelques réactions qui font suite au discours de vœux prononcé par le Président Emmanuel Macron. Notons avec amusement que les mots vœux et vote viennent du même votare latin. Voter, c’est faire un vœu. Présenter ses vœux, c’est orienter les votes à venir. ( Carte de vœux Franz et Sabine Schimpl avec citation de Bashung).

Propos relevés au bistrot

— C’est quoi qu’il a dit, Macron ?

— L’a dit qu’il va falloir bosser plus.

— Pour gagner plus, comme l’autre, là. Le Nicolas ?

— Non, pour continuer à gagner pareil.

Dans les sphères supérieures

— Comment avez-vous reçu le discours du Président, cher ami ?

— Il a su se montrer convainquant, comme à l’accoutumée. Vous avez relevé cette musique particulière qui animait ses propos ? « C’est par notre travail, notre engagement… » Le recours à l’anaphore est tellement plus judicieux dans une bouche de droite ! Ce principe du martèlement scande, remet de l’ordre. Cette dimension incantatoire est propre à transporter n’importe quel auditeur. Il y avait là du de Gaulle. Avec la voix moins rocailleuse.

— Qu’avez-vous pensé du propos lui-même ?

— Rien. Je suis acquis d’avance, alors je suis attentif davantage à la forme qu’au fond.

Dans un institut d’analyse politique

— Vous avez analysé le discours du Président ?

— Pratiquement. Il va falloir un peu plus de temps que prévu à cause des redites, des synonymes. Pour l’instant, nous avons en gros :

_ 16 fois le mot travail.

_ 22 fois la notion d’unité, de solidarité.

_ 24 fois la refondation, la reconstruction, l’amélioration…

_ « Juste » revient souvent. C’est malin. La réforme bloque, alors le Président l’insère dans un nouveau cadre sémantique. Comme l’écologie. Il les inscrit dans un mouvement déjà engagé et productif en soutenant «  Si nous continuons comme prévu… » Ceci après avoir annoncé en préambule qu’on ne peut pas prédire l’avenir, que des crises, des guerres, des menaces le mettent en péril. Mais dans ce chaos, le Président sait où il va. On retrouve toute la dimension symbolique du premier de cordée.

— Qu’en pensez-vous ?

— Personnellement, rien. C’est un discours de plus. Du travail.

Léa

— Léa, que pensez-vous du discours de vœux du Président de la République ?

— Le discours du Président, c’est quoi ? C’est un exercice de style auquel chaque Président doit se livrer. Pour ma part, j’attends le premier discours de vœux de la première Présidente de la République française. Elle sera la première femme véritablement puissante.

— Ah bon, pourquoi ?

— Parce qu’elle sera à la tête d’une puissance nucléaire. Une femme de tête, puissante et nucléaire, en somme.

— Merci Léa.

Marine

— Et vous, Marine, qu’en avez-vous pensé de ce discours ?

— Je changeais la litière des chats, demandez à Bardella.

— M. Bardella ?

— Macron est un usurpateur. Refonder, reconstruire, réformer…Toute une litanie de re-. Mais le Rassemblement, avec un grand re-, c’est nous ! Il vaut mieux voter pour nous, l’original, que pour une copie.

Jean-Luc

— Jean-Luc, votre avis ?

— Quoi encore ? On ne peut pas me laisser m’exprimer tranquillement !

— Votre avis sur le discours du Président ?

— Je n’ai pas pu suivre le discours, mais on m’en a parlé. Je n’ai pas eu le temps de le regarder parce qu’il y avait en même temps l’élection de Manuel Bompard lors d’un vote démocratique. Mais on m’a dit que Macron a évoqué la disparition de Benoît XVI. Dans un pays laïc ! Dans un discours à la nation ! C’est scandaleux, inadmissible ! C’est un abus inqualifiable contre la démocratie laïque !

Bruno

— Bruno Lemaire, votre avis sur le discours de vœux du Président ?

— Le Président a les yeux bleus, les yeux bleus le Président a ! Le Président a un véritable regard. Que dis-je un regard ! Une vision. Une vision pour la France, pour l’Europe, pour le monde !

Un futur hypothétique retraité

— Il va falloir travailler davantage, plus longtemps. Le Président nous embobine avec ce « nous » qui englobe les premiers et les derniers de cordée. Mais la corde a des nœuds. Et puis elle devient de plus en plus virtuelle, elle se distend, manque de matière. Surtout de matière humaine. Pour ce que valent les discours, Charles Pasqua était lucide. « Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent. »