Xavier Chevalier, c’est de l’art et du sport punks

Xavier Chevalier, c’est de l’art et du sport punks

25 novembre 2021 Non Par Paul Rassat

Rallye des Bauges, clan Chevalier et approche artistico paysagère

Le Rallye des Bauges se déroulait les 9 et 10 octobre 2021. Deux jours avant le départ Xavier Chevalier, pilote d’une automobile, Malory Laperrière, sa copilote, Jean-François Chevalier, père de Xavier se retrouvaient pour une séance de photographie. On a parlé rallye, œuvre d’art puisque la voiture affichera sur la carrosserie un travail de Jean-François… Il a été question de transmission, normal en art et en mécanique. Le rallye est pour Xavier la métaphore de la vie. Tu apparais et disparais. On te voit ou non. La route est plus belle quand on la vit en équipe.

Une histoire  de transmission

Xavier, pour ce rallye des Bauges, il va y avoir trois générations dans la même voiture, ton père, toi et ta copilote Malory qui a dix-neuf ans. Tout va tenir dans le bolide ?

Il reste encore de la place puisqu’il n’y a plus rien dans la voiture.

Ton père est sur le toit !

 — Non, je fais partie de la voiture et du paysage, répond Jean-François.

Xavier, habituellement la transmission père / c’est la morale, la hiérarchie. Entre ton père et toi, il y a une transmission artistique.

Une transmission et une passion commune. Les deux vont ensemble et ne dépendent pas de l’âge pour s’intéresser à un paysage sublimé dans le fond et dans la forme. Il s’agit métaphoriquement d’avancer dans le paysage quelles que soient les générations, avec détermination. On avance, on ne recule pas !

Traverser ensemble la tempête comme une aventure

Malory, tu réalises dans quelle aventure tu te lances à dix-neuf ans ?

Un peu, puisque j’ai déjà fait un rallye l’année dernière. Là, c’est autre chose. Il y a tout un projet qui donne une autre dimension au fait de monter dans la voiture. C’est plus impressionnant.

Xavier — Même s’il n’y a aucune pression, on va dans la tempête avec l’objectif de la traverser (« Évidemment ! » soutient Malory) et de revenir vers le calme.

On pourrait dire que ton père est le totem, toi tu as ton objectif artistique, et Malory ?

Elle pourrait être ma fille et nous partageons cette aventure que la voiture nous permet de vivre. L’aventure a commencé il y a longtemps, en réalité, et elle continue.

Sur la route et dans le bain, ensemble toujours

Elle ne se limite donc pas au temps du rallye et elle embarque plus de monde qu’il n’y en aura pendant les deux jours de course à l’intérieur de la voiture.

Jean-François Chevalier — Quand Xavier était gamin, nous sommes allés sur les circuits comme spectateurs.

Xavier — L’un de mes oncles était passionné de Formule 1. Il m’a fait découvrir cet univers à la fois populaire et familial. On y va en famille, on se déplace dans le paysage voir une course de bagnoles comme certains vont voir du football. J’adorais ça quand j’étais gamin. Les bagnoles étaient le prétexte pour une sortie en famille. J’étais aussi fasciné de voir des pilotes et des copilotes prêts à partir, dans ce moment de stress, d’adrénaline. Il y avait la libération des arrivées, les visages qui se relâchaient. Les moments de joie, d’explosion. Tu ressens cette ambiance, cet engagement.

Vous reprendrez bien un peu d’adrénaline ?

Toi, tu conduis et c’est en même temps un moment de création.

Jean-François — Quand on travaille, quand on peint, on a aussi besoin d’adrénaline.

Xavier — Ou d’un autre soi qui est caché sous le casque.

Un peu comme le chanteur punk que tu es s’exprime sur scène.

Puisque nous nous rencontrons dans l’exposition qui lui est consacrée, Jacques Monory était un papy killer ! Très calme, derrière ses lunettes de soleil, avec sa petite voix, il ne voyait qu’en meurtres dans sa peinture. Il disait que mitrailler était métaphoriquement un acte artistique.

S’inventer en permanence, créer sa route et son langage

La copilote doit être beaucoup plus calme ?

Ma réponse est celle d’ punk romantique (avec une légère modulation sur l’adjectif « romantique »). Je n’y connais rien en musique et je suis chanteur punk. Je n’y connais rien en mécanique et je suis pilote. La voiture est un instrument dont je ne sais pas jouer. Il me faut un chef d’orchestre.

Donc ce que transmet la copilote, c’est la partition ?

On l’a écrite ensemble lors des reconnaissances officielles. On va la verrouillée la veille du départ. Nous nous sommes inventé un langage.

Malory — La base est la même pour tout le monde, chaque équipe l’adapte. C’est très personnel car chacun réagit au langage à sa façon.

Donner le tempo

Xavier — Quand tu conduis, quand tu fais ton travail, tu verrouilles ton attention sur la note de musique qui tombe come une info par rapport à ton cerveau et par rapport à ce que tu vois. En fonction de mon rythme, Malory va répéter deux ou trois fois avec des intonations, un rythme, des mots plus encourageants, brefs. C’est un vocabulaire qui nous est propre et je ne fais que conduire à la note. C’est elle qui donne le tempo.

Malory — Il n’y a plus que le son de ma voix et Xavier qui est focus sur la route. L’ensemble est en osmose.

L’équipage et le clan

Xavier — On parle d’équipage. C’est ce qui m’intéresse dans ma logique artistique, l’approche collective. Il y a ceux qui sont dans la voiture et ceux qui sont tout autour et qui apportent une réelle énergie. Chacun a un rôle. Même le soutien familial compte. Nous allons nous retrouver à vingt personnes dans un gîte et le but premier est ce rendez-vous de famille. Le rallye est un prétexte pour rassembler tous ceux que j’aime, toutes générations mêlées alors que je ne suis pas habituellement très famille. Là, c’est un moment fusionnel.

Jean-François — Il va y avoir le clan.

Être fusionnels avec l’autre, avec la route

Malory après ce projet, tu vas avoir du mal à en retrouver un aussi barré. Tu n’as pas peur de compromettre toute une carrière à venir ? (rires).

Non. D’ailleurs j’ai confiance. Ça va bien se passer. En rallye, si l’un baisse un peu de régime, l’autre compense et rééquilibre. Comme le dit Xavier, c’est vraiment un travail d’équipe. Lorsqu’on est fusionnel, on ressent la faiblesse ponctuelle de l’autre.

Traverser le paysage, le dépasser et l’enrichir artistiquement

Xavier — Il faut s’adapter en permanence. Même si on passe plusieurs fois aux mêmes endroits, les épreuves de nuit et de jour sont différentes. C’est un équilibre permanent à trouver. Tu te rends compte qu’un être humain dans le paysage est tout petit. Il ne fait qu’apparaitre pour disparaître aussitôt. D’où l’intérêt de prolonger le rallye par la démarche artistique.

Il y a une activité plus calme, c’est la pêche à la ligne.

Jean-François — C’est pas notre truc, la pêche à la ligne.

Bilan : L’équipage et la voiture sont allés jusqu’au bout. Le classement est honorable. Le rallye artistique continue. Xavier n’a toujours pas son permis de pêche mais il continue de piloter sa vie punkistiquement. On le retrouvera sur la route.