Définir à l’infini

Définir à l’infini

27 novembre 2023 Non Par Paul Rassat

« Définir : fixer les limites…Établir avec précision. Formuler de manière brève et précise le contenu d’un concept, le sens d’un mot…Définir, c’est isoler, c’est exclure : c’est dire pourquoi une chose n’est pas toutes les autres. » TLFi.

Retour sur exposition

Une nouvelle visite à l’exposition Iris Levasseur permet peut-être de réfléchir à la notion de définition. L’art s’autorise à découper, trancher, séparer dans le même temps et espace qu’il relie, recompose, reforme ce qui a été déformé en un miroir. Les coupures et les séparations auxquelles se livre Iris Levasseur sont de tous ordres.

Séparation et continuité

Malgré ces mutilations, une forme de continuité et de cohérence persiste. Est-il possible de tout couper ? La vie est-elle plus forte que les séparations en lés verticaux. Les inclusions dans des formes géométriques, les séparations au niveau du sens ? Noé ivre et filmé en le même temps est séparé de lui-même par l’ivresse et rattaché par l’image (qu’on ne voit pas) à une idée de lui-même. L’ivresse constitue un abandon de soi, de la logique habituelle de ce que l’’on appelle communément le bon sens, univoque. Le faune fantasmé oscille entre l’imaginaire et la réalité. À la limite.

La magie de l’art

Hödler, ce côté hiératique, l’absence dans la présence, la distanciation du quotidien et de la représentation, avec le regard tourné vers l’intérieur, vers un soi énigmatique. Une question. La visite continue avec Miroir II. Miroir, mon beau miroir qui sépare et réunit lui aussi. Il présente, d’une jeune femme habillée, un reflet décapité, tronçonné en trois parties. Quel tour de magie réussit à faire croire qu’un personnage continue, coupé en trois, d’exister ? Alors qu’il est dans le même temps, oxymore existentiel, dans sa complétude ?

Recomposer ce qui est défini

Le travail artistique d’Iris Levasseur questionne d’autant plus qu’on le regarde pendant ce moment de violence qui a découpé des corps, séparé des gens, des familles, des pays. Si l’art recompose, lui, serons-nous capables, nous, de recomposer, de retisser ? Le rôle de l’art ne serait-il pas de questionner sans cesse les définitions, de les ouvrir, de les faire pacifiquement exploser pour, création, retisser indéfiniment ?