Marathon

Marathon

8 avril 2024 0 Par Paul Rassat

C’est l’printemps, rev’là l’marathon ! C’est un drôle d’animal. Il hiberne pour mieux ressurgir aux beaux jours. Son hibernation n’est pas inactive. Il prend des forces, il s’entraîne en douce pour être en forme au moment voulu. En forme de quoi ? En multiforme. Dès qu’il a ressuscité ici, il réapparaît là. À l’image de l’hydre de Lerne, le marathon a plusieurs têtes.

Origine du marathon

D’où vient le marathon ? De marathon. Il s’agit de commémorer l’exploit accompli en 490 av JC par Philippidès. Celui-ci aurait couru 42 kilomètres et quelques entre Marathon et Athènes pour annoncer la victoire des Grecs sur les Perses. Il serait mort d’épuisement à l’arrivée. Notons que le marathon est une manifestation ambiguë. Mourir pour annoncer une victoire ! Dire qu’aujourd’hui le téléphone aurait réglé ça en deux secondes.

Le marathon est de Paris comme le jambon ou le champignon, de Strasbourg comme la saucisse : il s’adapte. D’où l’apparition de nouveaux marathon(s).

 Le maratemps

On annonce l’arrivée d’un participant au marathon d’un nouveau genre, celui de la lenteur. Le concurrent qui arrive le premier au bout de trois mois de course minimum sera classé dernier. Il s’agit d’un marathon de la lenteur dont le but est de rester en course le plus longtemps possible.

   Les joyeux glandeurs se voient déjà parmi les spécialistes de la discipline. Que nenni ! Car le surplace et l’immobilité sont interdits et entraînent une disqualification immédiate. Bienvenue, en revanche, aux insomniaques. On signale d’ailleurs, à ce sujet, trois grossesses commencées pendant la course

Les organisateurs de ce nouveau genre d’épreuve sportive et humaine pensent à ouvrir le parcours au-delà des circuits fermés à parcourir plusieurs fois. Il s’agit d’apporter de la découverte et de la variété aux concurrents et aussi de ne pas lasser les riverains des parcours, désireux de ne pas voir les mêmes têtes devant chez eux ou à proximité pendant des mois, avec la tentation de les aider, surtout en hiver, au risque d’entraîner leur disqualification.

Le but ultime serait, paraît-il, d’inciter les concurrents à partir découvrir le monde sans jamais s’arrêter, à l’image du navigateur Bernard Moitessier, vainqueur du premier tout du monde à la voile qui, une fois la ligne d’arrivée franchie, continua sans se soucier de la compétition. Tout contrôle des concurrents et tout classement deviendrait alors superflu et ce serait la compétition la plus intéressante. Pour la vraie gloire.

Pendant ce temps

Pendant ce temps et en même temps Emmanuel Macron place ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy. Il est au plateau des Glières. L’un et l’autre tentent de recueillir un peu de cette bravitude qui fait partie des valeurs. Revenir aux Glières et au Conseil National de la Résistance dont, au fil du temps, on édulcore le programme social. Faut être de son temps. Mitterrand, lui, était malin. Son pèlerinage se faisait à la Roche de Solutré. Abrupte d’un côté, de montée pépère de l’autre. Une promenade d’autant plus agréable que le vin et la gastronomie fleurissent à proximité. Il faut donner du temps au temps, disait Mitterrand ; mais le chronomètre tourne pour les marathoniens.