On

On

17 janvier 2023 Non Par Paul Rassat

Le 10 janvier 2023, Madame Borne était l’invitée matinale de France Inter. En 47 minutes d’émission radiophonique, madame Borne a prononcé au moins 60 fois le pronom on. Si l’on prend en compte les questions des journalistes, des auditeurs, les témoignages divers, madame Borne a pu parler 20 minutes environ. Ceci nous fait 3 on à la minute. Un on toutes les 20 secondes environ. Sachant que pour madame Borne ce pronom désignait tout à tour les dirigeants politiques, les employés, les employeurs, les séniors…le résultat manque terriblement de précision.

Exposer l’évidence

Le propos de madame Borne commençait ainsi « On le sait, si on ne fait rien les déficits vont se creuser inévitablement. Elle reprenait plus tard «  Si on n’assure pas l’équilibre du système…catastrophe. » «  Sauver le système de retraites par répartition …juste, justice, progrès social…équilibrée… » renforçaient la démonstration. Celle –ci s’appuyait sur une assurance à toute épreuve : « moi je, moi je suis… » L’évidence était indiscutable « C’est clair…ce qui est clair…c’est très clair… » Le tout émaillé d’une dizaine de « Vous savez ». Vous savez, ça va sans dire mais c’est mieux en le disant. Une forme de prétérition censée renforcer la portée du propos.

Le non choix

L’auditeur pouvait relever dans le discours de madame Borne que l’allongement de la durée de cotisation serait de gauche. Repousser l’âge de départ à la retraite serait de droite. Faux choix grossier que l’on utilise avec les enfants «  Ta soupe, tu veux la manger tout de suite ou plus tard ? » Il faudra de toute façon avaler la soupe à la grimace. Le choix ne porte que sur la manière. N’oublions pas les « Inévitablement, évidemment, bien sûr, franchement » qui structurent l’absence de dialogue. Celle-ci culmine quand questions ou objections sont adressées à la Première Ministre. Réponses «  Vous auriez voulu…Si vous avez des suggestions…Non, arrêtez, on ne peut pas, non vraiment… »

Et pendant ce temps…Davos !

« Portées par la flambée des cours de Bourse, les grandes fortunes se sont envolées au cours des dix dernières années : sur 100 dollars de richesse créée, 54,40 dollars sont allés dans les poches des 1 % les plus aisés, tandis que 70 centimes ont profité aux 50 % les moins fortunés. » Oxfam cité par Ouest France. De son côté, concernant la pénibilité au travail madame Borne parlait de « détecter des signes d’usure professionnelle ». Ne serait-il pas trop tard quand l’usure est déjà installée?

Incarner

La « réforme » des retraites concerne de gens, des citoyen-ne-s, des personnes, des individus. Il ne s’agit pas d’un dossier mais d’humains, de vies. Ceci nécessite que la démarche, les décisions, le dialogue soient incarnés. Est-ce bien le cas lorsque madame Borne se perd en on, compensant le fonctionnement robotisé du discours par ce fameux accent d’intelligence qui accentue les premières syllabes. Cheveu laqué, gominé, visage lissé, gestuelle marionnettisée, propos mécanisé. Et dire que les vraies gens ne demandent qu’à être de véritables retraités correctement traités ! Le contraire de on.