Le  maire, les vœux, les vœux du maire

Le  maire, les vœux, les vœux du maire

23 janvier 2024 Non Par Paul Rassat

Le maire d’Annecy présentait ses vœux le 20 janvier aux Annéciennes et aux Annéciens.. Ne manquaient que les pom pom girls à ce pesant événement.  Heureusement l’hommage rendu par la ville à Daniel Sonzini venait couronner ces vœux pesants et laborieux. De l’hommage, nous reparlerons bientôt.

Bilan de santé électorale

Une très longue heure et demie de vœux sous la forme d’un bilan électoral et d’un programme électoral. À mi-mandat, il était nécessaire de dresser un bilan et de tracer des perspectives. Las ! la perspective choisie est celle de 2050, on ne prend pas trop de risques puisque d’ici-là les actuels dirigeants auront été menés bon gré mal gré vers d’autres voies. L’axe choisi est , lui, la ville d’Annecy à hauteur d’enfant. Bon, oui, c’est vendeur, l’enfance. Mais quand on mesure un mètre vingt, la perspective est vite barrée.

Éléments et clichés

Cette séance de vœux en forme de présentation de bilan et de programme a commencé, bien sûr par la santé. Car «  Quand la santé va, tout va… » Et puis se sont enfilés les éléments de langage et les clichés. En voici quelques briques : « la concertation, repenser ensemble, des moments forts, un temps fort puis un temps convivial, réinventons la ville, les plans de planification »…Nous avions perdu déjà une partie de la salle.

Cependant la meneuse de revue engagée pour la circonstance continuait de désaminer l’événement. De rouge vêtue, elle donnait la parole, la distribuait, la relançait. Un fond musical s’efforçait de faire kermesse entre les phases de sommeil. Nous n’étions pas loin de la fête du curé ou de l’animation de centre commercial. Ne manquaient décidément que les pom pom girls.

Un parterre de pétales

Cependant toujours, on enfilait des perles et des éléments de langage. Il était question d’ »aménagements innovants, de nouvelles compétences, de participer à la fabrique de la ville, de mobilités actives, de densifier la ville autour de cette mobilité ». Le verbe «  apaiser » revenait à plusieurs reprises. Le langage devenait particulièrement fleuri alors qu’on évoquait «  un plan de circulation en pétales ». «  On a plusieurs pétales qui vont être travaillés. » La réussite scolaire ? Elle semble tourner principalement autour de la renaturation des sols en cours de récréation et de la participation active des élèves à cette initiative. «  C’est quelque chose dont les élèves s’approprient. » Reverdir la langue, au passage, avec les pétales et le trafic de syntaxe?       

 La résilience          

 La résilience est à l’honneur. Elle-même résiliente, elle s’exprime par répétitions. On apprend au passage que les voitures circulent partout où elles peuvent circuler.  Monsieur de La Palice doit en sourire. On lit parfois ses fiches tellement la formulation technique est difficile à digérer. La salle se vide encore, comme le centre ville de sa circulation automobile. On sent l’élu résilient par nature, heureux d’apprendre de nouvelles expressions, de nouveaux termes techniques qu’il est heureux de partager avec les citoyens.

Je ne sais pas si vous savez…

On nous a tellement densifié la cérémonie des vœux qu’elle commence à peser sur l’estomac. «  Tout part d’Annecy, tout arrive à Annecy » énonce avec assurance une élue qui n’est pas la moindre. Et elle a malheureusement raison. Tout est pensé en fonction de la ville qui déverse ses problèmes sur la périphérie. Pendant ce temps ( ça change un peu de cependant), Monsieur le maire reprend «  Je ne sais pas si vous savez… » S’il doute de nos connaissances à propos de ce qu’il va énoncer, c’est qu’il ne sait pas si ce qu’il va dire est pertinent ou non. Dans le doute…

En résumé

Je ne sais pas si vous savez, tout part d’Annecy et tout arrive à Annecy. La ville apaisée est résiliente et se verra en 2050 à hauteur d’enfant. Nous renaturons les cours de récréation pour les transformer en pétales apaisés…Les pom pom girls ne sont pas venues.

L’hommage à Daniel Sonzini

On annonce la deuxième partie de l’événement. C’est la remise à Daniel Sonzini de la médaille de citoyen d’honneur de la ville d’Annecy. Il y en aura eu trois en un siècle.  Ettore Scola ; son évocation permet à Daniel Sonzini de regretter la disparition du Festival du Cinéma Italien. Gabriel Monnet, auquel Daniel Sonzini rend hommage, et Daniel Sonzini lui-même. Moment d’extrême émotion que cette distinction en présence d’amis. Nous y reviendrons plus précisément.  Confondre cependant des vœux à visée électoraliste et la remise d’une distinction aussi rare en une même soirée, quelle inconséquence !

La gloire de siéger

On retiendra de tout ceci la capacité exceptionnelle des élus municipaux à rester assis en toutes circonstances, et à se tanner ainsi les neurones et le postérieur. À force de sièger, les élus se transforment en sièges avec dossiers. Ils forment, à ce qu’ils montrent, une équipe soudée puisque tout « s’emboîte ». C’est pour l’image, bien sûr. Amusez-vous à regarder l’enregistrement du conseil communautaire du 21 décembre 2023. Les amabilités et les coups tordus y pleuvent.

Un saut dans le temps

L’hommage rendu à Daniel Sonzini, outre sa portée humaine et culturelle, constitue à lui seul un saut par-dessus 26 années d’indifférence active émaillée de pétales d’événementiel en lieu de culture. À l’issue de ces 26 années, en mars 2023, tous les zélus étaient sur la photo, on se pressait autour du directeur de Bonlieu sur le départ : fallait en être ! Il ne semble pas qu’il y en ait eu beaucoup ce samedi 20 janvier 2023. Zavaient peut-être pizza, ou réunion familiale post réveillonnade, allez savoir. Ni les départementaux, ni les régionaux, ni les nationaux de la culture ne se pressaient pour l’hommage.

Je ne sais pas si vous savez, et nous ne sommes pas sans savoir, mais  » Meilleurs vœux! »