Les masses, la rue, la démocratie et les retraites

Les masses, la rue, la démocratie et les retraites

7 mars 2023 Non Par Paul Rassat

Ça fait masse

« Si le peuple n’était qu’une foule agglomérée, la démocratie serait un totalitarisme géré par quelque dictateur fasciste ou marxiste en fonction du constat de Georges Marchais : «  Les masses font ce qu’on leur dit de faire. » De Gaulle l’avait précédé en déclarant «  Les Français sont des veaux. » Et Odon Vallet de conclure son article : « Dans la démocratie, chacun doit avoir sa part sans mordre celle des autres.  » Liberté, Égalité, Fraternité. La fraternité venant en dernier. Remplacée, d’ailleurs, par la solidarité qui devrait englober la sororité. ( Dessin illustrant la couverture de Comment voyager avec un saumon, d’Umberto Eco).

Avoir les idées vives

Alain Rey écrivait : «  Le dialogue est un aspect de la démocratie. La monarchie absolue et la dictature, c’est le monologue. Des monologues, nous en entendons tous les jours : c’est la pensée unique, la langue de bois. Sinon, on parle d’un dialogue de sourds.

   Paul Valéry, à propos du dialogue intérieur, écrit que dans cet exercice d’échange, «  l’esprit mis en mouvement…produit des idées vives qui s’enhardissent l’une l’autre ». »

Les formes de la démocratie

Wikipédia nous apprend beaucoup sur la démocratie. Elle peut être la stochocratie, le gouvernement du hasard avec des décideurs tirés au sort. Ochlocratie, elle est dirigée par la foule. La théocratie s’appuie sur des principes religieux. La démocratie liquide est à consommer avec modération. La kleptocratie voit certains de ses dirigeants se livrer à la corruption. Le gouvernement des riches s’appelle ploutocratie et constitue souvent un pléonasme. Phallocratie, gérontocratie complètent la liste.

Circuitcourtcratie

La circuitcourtcratie  est, par essence, la politique écologique. En circuit court, la politique révèle toute son efficacité. Prenez le fonctionnement du Sénat français. Son Président, Gérard, défend le système très avantageux du système des retraites des sénateurs. D’autant plus avantageux que l’on réforme à la baisse le système de retraites des citoyens. Mais, défend Gérard, le système de retraite des sénateurs est autonome, autosuffisant. Il a été bien géré. Et système bien géré commence par soi-même. C’est bien ici que se rejoignent la gérontocratie et la circuitcourtcratie.

Liberté, Égalité relative, Fraternité les doigts dans le nez !

Le sénateur choisit lui-même, sans contrainte, le système qui lui est le plus favorable. Mais le sénateur, habituellement, ne mord pas. Il est pondéré, à tous les sens du terme, car son avis est de poids. La sagesse du Président du Sénat vient vraisemblablement de son parcours professionnel. Monsieur Larcher a été vétérinaire. Véto, et le sien pèse. La politique est comme la bonne cuisine. Celle-ci s’appuie sur de bonnes concentrations de sauces, de goûts. La démocratie est une concentration extrême. 348 sénateurs décident d’abord pour eux-mêmes. Ensuite pour les 68 042 591 citoyens français (moins348). Et c’est ainsi que la cordée ruisselle (parfois sous les aisselles).

La touche finale

Afin de rassurer son lecteur, Talpa considère qu’il ne faut chercher aucune logique dans les décisions de celles et ceux qui dirigent notre démocratie. Suivons en ceci Umberto Eco qui concluait  Comment voyager avec un saumon avec quelques propositions frappantes dont voici quelques unes. « Institutions de révolutions. Byzantinisme suisse. Institutions d’aristocratie de masse. Institutions d’oligarchie populaire. Dialectique tautologique. Anatomie des kangourous de Bourgogne. » Démocratie sénatoriale ?