Nathan Paulin, être équilibre
25 janvier 2023Talpa a rencontré Nathan Paulin qui s’amuse à avancer sur un fil tendu entre le monde et lui. Voici la toute première partie de notre entretien. La suite apparaîtra dans un livre en cours d’écriture. L’idée est née d’une rencontre il y a quelques mois, à Cluny. Nathalie, libraire, me présente Hervé, auteur de BD qui m’envoie un message « Je viens de faire la connaissance il y a une demi heure d’un grand potier / céramiste. » Rendez-vous est pris avec le potier en question. Je réalise, malgré la simplicité du bonhomme qui me reçoit que je ne sais pas où j’ai mis les pieds. Je repars enchanté trois heures plus tard. De nouvelles rencontres ont lieu et ce qui devait être un article pour Talpa se transforme en une idée de livre.
Autodidaxie, pensée en arborescence et oxymore
Jean Girel et son épouse Valérie Hermans « sont céramique ». Ils affirment même s’être rencontrés au XII° siècle, en poterie Song du côté de la Chine. Ainsi se forment plusieurs chapitres incarnés par des personnes. Ce qui les relie émerge et se renforce au fil des rencontres. Tous sont des autodidactes à leur manière : ils se construisent en créant, en découvrant. Leur pensée en arborescence alimente leur curiosité et s’en nourrit. Ils sont des oxymores sur pattes qui n’ont que faire des cases préétablies et s’amusent à dépasser ce qui borne les autres.
Céramique, théâtre, spiritualité…
Ainsi, Jean Girel et Valérie Hermans sont céramique. Grâce à son porte parole Michel Tournade, François de Sales est spiritualité. Les chefs triplement étoilés Laurent Petit et René Meilleur sont gastronomie. Jean-Louis Hourdin et Cyril Teste sont théâtre. Louis Pernat est entreprendre. Nathan Paulin, je le répète, est équilibre. Michael Edwards, académicien, sera poésie. Un musicien, peut-être, fera partie de l’aventure. Les liens qui apparaissent dans ce paragraphe renvoient à de très courts articles déjà consacrés à ces figures par Talpa.
Être soi pleinement
Le livre envisagé ne se veut ni explicatif, ni pédagogique. Il est la retranscription des conversations, enrichie ici ou là de références philosophiques ou autres. Il s’agit de montrer comment dans la création, la céramique, le théâtre, l’entreprise…il est possible d’être pleinement soi, de répondre à une nécessité intérieure plutôt que d’être dans un rôle. L’harmonie est alors possible. Elle est cependant une quête à poursuivre à chaque instant. Chacun de mes interlocuteurs la vit à sa façon.
Tout début d’entretien avec Nathan Paulin
Les personnes qui composent mon livre, avec toi, présentent quelques caractéristiques communes.
De mon côté, j’ai toujours cru que tout le monde fonctionnait sur ces principes.
Tu te retrouves sur un fil qui devrait resserrer la relation au monde ; paradoxalement ta perception de celui-ci en est enrichie.
Oui, c’est comme un capteur géant de sensibilité et aussi une exploration intérieure, un voyage qui m’apprend des choses sur moi. La connexion entre l’intérieur et l’extérieur permet de se rendre compte que les deux volets ne sont pas différents. Marcher sur un fil, c’est vivre une expérience très intense dans un temps court. C’est ce qui m’intéresse, même s’il est difficile de l’expliquer avec des mots. Je suis totalement dans l’instant présent. Cette activité me demande une attention très forte, des capacités physiques et une partie du cerveau est occupée à analyser des choses très fines parce que c’est un équilibre particulièrement précaire, très difficile à gérer. Pendant qu’une partie du cerveau gère cette situation, une autre s’ouvre. C’est un peu comme de la méditation. Le corps et l’esprit sont liés. Cette activité m’a ouvert physiquement. J’étais plutôt grand et renfermé. J’avais d’ailleurs peur du vide ! Les gens me voient comme quelqu’un qui n’a peur de rien. En réalité j’étais plutôt peureux au départ. Je crois qu’on se construit en général par rapport à nos faiblesses. J’ai donc besoin de me remettre en faiblesse pour me reconstruire en permanence. Je grandis en me déconstruisant…
À venir…
Talpa envisage de lancer prochainement un crowdfunding afin de mener à bien la réalisation du livre en cours dont cet article donne l’esprit. Déplacements, achat de matériel informatique, d’enregistrement de qualité nécessitent un budget qui trouvera aussi son utilité dans les passerelles tissées entre le livre et Talpa Mag. En cas de succès le premier pourrait vivre de nouveaux développements nés de nouvelles rencontres. Il s’agit de porter l’idée qu’il est possible d’ être pleinement soi autrement que dans des clichés comme « vivre ses rêves ». Images utiles si elles sont incarnées, développées, approfondies.