Inventivité

Inventivité

23 juillet 2024 Non Par Paul Rassat

Talpa apprécie par-dessus tout les rencontres Elles répondent à la curiosité naturelle et l’enrichissent. L’esprit de la conversation, comme l’écrit Théodore Zeldin, ne se contente pas d’échanger des arguments. Il rebat les cartes, fait naître des étincelles synonymes d’inventivité.

Le profil inventif

Des nombreuses rencontres intéressantes que Talpa a vécues, un profil particulier émerge. Il concerne les interlocuteurs qui sont pensée en arborescence, autodidactes à vie, oxymores sur pieds.

Arborescence

Ce qui est arborescent prend l’apparence d’un arbre. «  Un diagramme arborescent permet de se rendre compte de la manière dont une hiérarchie engendre une classification », nous apprend le dictionnaire. Ce sens-là ne correspond pas à l’inventivité dont se réclame Talpa. Le même article du TLFi poursuit : « …qui se dirige dans des directions opposées comme les branches de l’arbre. » C’est de cette arborescence-là dont il s’agit. Et plus généralement des phénomènes de transformation qu’opèrent les composants de l’arbre. Des sels minéraux et de l’eau il fait de la sève, devenue symbole de vie. À l’autre extrémité les feuilles transforment l’énergie solaire et surpassent ainsi ce que cherchaient à produire les alchimistes.

Autodidacte

L’autodidacte apprend par lui-même, sans maître. Dans Étymologies pour survivre au chaos Andrea Marcolongo marque la différence entre l’authenticité et la vérité. « Seul celui qui est authentès, qui est «  l’auteur » solitaire…a la pleine capacité de décider de ce qui est authentique et de ce qui ne l’est pas. » Le notaire, par exemple, a le pouvoir d’authentifier des actes. «  La réalité, la vérité, est tout autre chose : elle présuppose la liberté, et non des intérêts en jeu. » Peut-être l’autodidacte est -il celui qui se donne la liberté d’être vrai tout le long de sa vie ; il se donne sa propre authenticité.

Oxymore

Cette figure de style  est un « rapprochement de deux termes contradictoires qui donne à la pensée un tour saisissant. » Définition qui limite la portée de l’oxymore ; la pensée s’en trouve enrichie. «  Le soleil noir de la mélancolie » chanté par Baudelaire n’est pas une simple illustration mais un précipité qui engendre un concept.

« Connais-toi toi-même »

Dans l’antiquité cette formule pouvait constituer  un encouragement à s’extirper de l’influence des dieux, des préjugés, du poids mort de la pensée héritée. Un encouragement à examiner son âme et son intelligence pour mieux les connaître à défaut de les comprendre. La leçon de Tchouang-tseu, transmise par Jean-François Billeter donne un autre tour à la formule . Apprendre à connaître le fonctionnement de son corps, lui associer la pensée pour répondre à une nécessité intérieure et créer. Ce faisant, être libre.

Être poète

En créant ce chemin personnel, chacun peut être poète. Andrea Marcolongo, encore, écrit :  « poieô…signifie «  je fais », « je produis », « je fabrique », sans jugement porté sur le résultat. » Faire avec application, en pleine conscience est poésie. Ceci implique de vivre l’ensemble de la démarche créatrice techniquement, physiquement, intellectuellement, émotionnellement. Être poète, c’est d’abord vivre en poète, pour créer. Fabriquer un lien direct au monde, débarrassé de l’accessoire, plongeant dans l’essentiel.

« L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi. »

Les rencontres de Talpa

Talpa a déjà publié quelques unes de ces rencontres exceptionnelles. Jean Girel et Valérie Hermans vivent en céramique. René Meilleur en cuisine, ainsi que Bruno Verjus. Nathan Paulin est équilibre. L’académicien Michael Edwards est poésie. Benoît Peeters vit l’aventure de la pensée. François de Sales anime la communication moderne. François-René Duchâble est musique. Cyril Teste rejoindra Jean-Louis Hourdin dans le théâtre. Louis Pernat incarnera l’esprit d’entreprise. Philippe Decouflé, Pierre Hermé, Philippe Pollet- Villard devraient rejoindre ces rencontres.